jeudi 21 juillet 2016

L'ETE MEURTRIER


 
Difficile d'écrire quelques phrases à propos du cinéma ou des fanzines avec cette actualité désespérante. Le mois de juillet avait déjà mal commencé avec des exhalaisons de francophobie sous couvert de l'euro de foot de la part de certains « amis » facebook qui ne le sont pas restés plus longtemps. L'amitié virtuelle est ainsi faite, elle s'efface en un éclair comme on éteint la lumière. Déjà catalogué gros beauf mongoloïde parce que j'ai l'outrageuse prétention d'être amateur de ballon rond par toute un cohorte de gens bien plus cultivés que moi et tellement plus intéressants, je fus attristé et atterré par les commentaires de personnes que, naïvement, je pensais un peu plus futées, vomissant une haine de l'hexagone le sourire aux lèvres et la main dans le calbute pour se palucher tout en trollant mon candide enthousiasme.

Je n'avais pourtant encore rien vu. Le tragique carnage de Nice a fait remonter des cloaques les complotistes, les dénis de réalité, les va-t-en-guerre, les lâches, les soumis, les analyses psychologiques relativisant tout et comparant l'incomparable, les excuses, les mensonges, les explications, les démagogues... Je ne vous parle même pas du chaos dans mon esprit où se mélangent la haine, l'esprit de vengeance, la tempérance, l'espoir, la dégoûtation. Un vrai chaos au sens premier du terme. Comme le café au lait ne peut redevenir ni café ni lait, je ne pourrai redevenir ce que je fus. Pas de reboot possible... Nous en sommes tous là, marqués à vie par des événements qui nous ont changé à jamais, morphologiquement modifiés par les attentats et la valse infernale qui leur succède.

Alors oui, par conséquent, j'ai du mal à trouver quelque chose d'intéressant à raconter sur le cinoche, j'ai pas envie de disserter sur les joies du fanzinat.

The show must go on, mais à quel prix, continuerons-nous à l'instar de l'orchestre du Titanic à jouer alors que le bateau coule ? Pour le moment, je n'ai pas le cœur à faire semblant. Laissons passer l'été... meurtrier.

Toutes mes pensées aux victimes et à leurs familles

Didier Lefèvre, juillet 2016

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